Début de Vdvoyom (A deux) de Nikolaï Khomeriki, don j’ai assuré le montage.
Réalisé en 2005.
Deuxième prix de la Cinéfondation à Cannes en 2005.
Il s’agit du film de fin d’études de Nikolaï à La Fémis.
J’ai synchronisé moi-même et je me souviens que dès cette étape les personnages existaient. Je rentrais chez moi le soir en pensant à eux, en les plaignant, en me disant que leur situation était si triste...
Le film est tout en plans séquence, qui durent souvent plus de deux minutes, avec juste un champ/contrechamp de trois répliques (qui a été très dur à monter, ce n’est pas la manière habituelle du réalisateur, il a eu du mal à le mettre en scène.) Il m’a fallu apprendre à monter cette manière particulière. Au départ, les plans étaient trop longs, alors on rabotait, cinq secondes par cinq secondes, après avoir revu le film en entier. Et puis à un moment, en coupant les quelques secondes où il ne se passe rien qui se trouvent à la fin, un plan qui était trop long à 2’45” devient trop court quand il fait 2’37”. Parce que les quelques secondes qu’on a coupées en trop sont celles qui permettaient au spectateur d’intégrer ce qui vient de se passer. Alors on rajoute et le plan dure 2’40” et il trouve enfin sa bonne durée.
Dès le début du montage, dès les premiers bout-à-bout, tous ceux qui voyaient le film nous disaient qu’il état très bien. Et il a fallu pour travailler nous baser non pas sur ces qualité que tout le monde soulignait mais comparer les versions les unes aux autres pour avancer. Nous avons aussi eu des moment de doute, comme sur le montage de n’importe quel film, des moments où on se disait « ce n’est pas si bien que ça, mais il n’y a que nous à le savoir » parce qu’on imagine toujours que ça peut être mieux, même quand le film est déjà très bon.
Je garde une grande tendresse pour Vdvoyom car rarement une histoire m’aura autant parue réelle, concrète, tangible dans un film que j’ai monté, pas seulement parc qu’elle est bien écrite mais parce qu’elle est avant tout mise en scène avec toute la justesse possible.